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Les
dessous d’Ushuaïa
Interview parue dans
le magazine « VOL LIBRE » du mois d’Avril 2004
Souvenirs,
souvenirs…
La
redécouverte d’anciens documentaires d’Ushuaïa des années 80, avec entre
autres le survol des gorges du Tarn par l’équipe Didier Eymin, Luc Miramont ,
Zoltan Kovaks et Yazid Tizi nous a
donné l’idée de retracer rapidement les aventures d’un des pionniers de
l’assemblage du plus frêle avion jamais conçu : le paramoteur. Ces séquences
nous ont tous fait rêver et bon nombre sont allés à l’ultra léger, vol
libre, paramoteur, ULM, à la suite de ces émissions.
Aujourd’hui,
Didier Eymin est installé à l’atterrissage de Saint Hilaire du Touvet,
importateur de Pro Design, gérant d’une boutique de vol libre multimarques et
produits
A deux pas de chez moi, on se rencontre
souvent, inévitablement. Alors quelques questions à une « figure »
du vol ultra-léger français.
V.L : « Tu
es venu directement dans le monde du paramoteur ?
Didier Eymin: « Non, habitant Grenoble,
j’ai tout d’abord débuté l’activité en 1985, à Mieussy, la Mecque et
autre théâtre des premières compétitions de Parapente. En compagnie de Jean
Pierre Taix, j’y rencontre Gérald Delorme, Jeannot Dupont, Daniel Raibon.
Hervé Violet s’y met aussi. On organise de nombreux vols montagne sous Turbo
Everest. Au gré des vols, je croise Pierre Gevaux qui réalisera un vol en
Annapurna. Fait anecdotique, je participe à la Coupe d’Europe de Parapente à
Fly Castellucio en 1986, avec des montagnards comme Christophe Profit,
Escoffier, Jean-Noel Roche . Puis au Havre, j’établis le premier record du
monde de durée. Les habituels problèmes de logistique, commissaires FAI etc.
ainsi que les critères, le réduisent à 2 h. Il a été largement battu
ensuite. Jean Yves Fauste établira un
record d’un peu plus de 11 heures dans les alizés(6)[t1].
Ces records de durée n’existent plus aujourd’hui. »
D.E : « Pas sûr d’une date. Dans
les années 80 un Allemand avec un moteur solo avait bricolé le premier
paramoteur avec un parachute aile de saut d’avion (1[t2]).
Un peu plus tard, en 1988, j’écris un article pour feu le magazine PPM
(2)[t3].
C’est la véritable explosion du paramoteur. Ben Soussan
lance dans l’Oise une activité de production de machines. L’abréviation
paramoteur pour parapente à moteur est lâchée à ce moment après une
proposition de Jean Louis Lainé en 1986. En 1989
je commence également à utiliser ce terme qui sera retenu pour de bon ! »
D. E : « Yves Marre traverse la
Manche sur une machine de sa conception, le Propulsar
( 3) [t4]en
1988, en collaboration avec Léon Mouraux, qui participera à « d’hélice
de Chine » avec de splendides vues de la Chine en paramoteur. Il utilisa
à l’époque une Alnaïr d’ITV, équipée d’une sellette de pilotage, un
sacré programme en roulis ! En décembre 1988, je traverse le Sahara avec
la couverture de l’agence Sigma pour les images. Cette traversée du grand Erg
Oriental collaborait au repérage pour le raid 4x4 «Grenoble
Air Aventure (4)»[t5].
Le parcours était filmé depuis le paramoteur. Puis, pour moi, l’évènement
majeur sera la traversée Nice
Calvi, dont le reportage sera passé plus de 50 fois à la télévision, en
France et Allemagne et dans plus de 30 pays. Cette traversée est réalisée le
3 mai 1989. Cette escapade attire définitivement
D.E: « Presque 6 heures … C’était
le plus long vol en paramoteur à l’époque. J’ai utilisé un prototype
Propulsar, conçu avec Léon Mouraux, équipé d’un JPX 425 et d’ une voile
Aile de K « Trilair » de 23 m².
Le ravitaillement s’effectuait en l’air grâce à un tuyau jusqu’au
bateau suiveur. Le système a été inventé par Jean Michel ITTEL, ingénieur
chercheur au CEA qui assurait l’assistance technique sur mes raids à l’époque.
Jean Pierre Taix assurait la sécurité en tenu de plongeur. La bonbonne délivrait
7 litres d’essence avec 5 bars de
pression. L’opération prenait 7 minutes. 3 ravitaillements ont été nécessaires
pour la traversée.
D.E : Le survol des gorges du
Tarn dans « Ballet mécanique » réalisé par Gilles Santantonio,
tourné en 88 ,mais diffusé en été 89, convainc
D.E :
« 3 constructeurs majeurs développent le concept. En Suisse le
Pagojet, en France le Jet
Pocket de Philippe Jeorjeaguet avec qui je collabore jusqu’à début 89
et le Propulsar de Léon Mouraux, avec qui je collabore ensuite, appellé par
Richard Trinquier, rencontré lors
des Championnats du Monde à Verbier en 1987. Richard développait les
parapentes pour Parachute de France à l’époque, notamment la GRX (5) et
mettait au point les ailes pour Propulsar). Moi je travaillais sur la conception
des châssis. [t6]Du
côté enseignement, ça s’est également mis en place en 1989. Je fus à l’époque
le premier instructeur nommé par l’aviation civile à titre expérimental
pour un an. Il en est résulté d’ailleurs une méthode d’enseignement déposée,
qui a servi de base à l’enseignement du paramoteur ensuite
D.E : « Le Pôle Nord magnétique
en 1990, puis la Baie d’Along au Viet-Nam. Le survol du désert de Namibie en
91 a été un grand moment. Le Mexique avec le ballon à hélium. Le survol du
Machu Picchu au Pérou en 94 restera aussi un instant magique. Autre « séquence
frisson », le vol au-dessus des Tzings à Madagascar : pas
d’atterrissage en vue au dessus de rochers coupants comme des rasoirs ! Au
Niger, nous avons découvert du Ciel le cimetière des dinosaures, et la ville
morte du Djado »
D.E : « Dans mes premiers vols
en paramoteur, j’ai utilisé la Génair à plaquettes, ce qui m’a valu
quelques crash mémorables lors de la poussée moteur. Quand j’y repense, je
me dis que jamais je ne revolerais en paramoteur dans les mêmes conditions
techniques. De quoi se mettre facilement au tapis… Après naturellement je
suis resté attaché à la marque, à l’époque un des leaders du marché. Les
voiles correspondaient bien aux critères d’utilisation du paramoteur. Ensuite
le choix s’est porté sur Flight Design, notamment avec les voiles bleues d’Okavango.
Avec Ailes de K, à l’époque de l’expédition « Pôle nord »,
j’étais un des rares à être sponsorisé pour voler avec la marque, en plus
de la fourniture du matériel, à une hauteur d’environ 5300 € … »
D.E: » Le pôle Nord magnétique
n’avait jamais été survolé en paramoteur. Tiens, par exemple, impossible de
voler plus de deux minutes lors des essais. La membrane de la pompe durcissait
et n’envoyait plus assez d’essence à haut régime. Il faut dire que par
moins 40°… J’ai placé ensuite le réservoir en gravité au-dessus du
moteur comme on le voit sur la photo, pour shunter la pompe. L’autre difficulté
consistait à voler complètement prisonnier du paramoteur. Comme au Vietnam
dans la baie d’Along, pas moyen de se dégager en cas de chute dans l’eau. »
D.E: « On avait 2 h de traîneau
tous les jours pour aller sur le lieu de tournage par moins 40°. Un jour, je décide
de rentrer en paramoteur. J’avais oublié de regarder l’essence et inévitablement
je tombe en panne. J’ai eu le temps de planer jusqu’au bord de la piste,
pour attendre l’équipe. Arrive un Ski-Doo avec un chasseur qui propose de
m’emmener. Pour avoir plus de place, le chasseur a laissé son fusil sur le
bord de la piste, m’a raccompagné et a repris son fusil 2 heures après. La
confiance règne ! En fait, tout le monde se connaît. Il n’y pas de
route d’accès sauf en hélico ou avion. Les maisons du reste sont toujours
ouvertes.
En Ouganda, je suis
resté tout seul avec une quarantaine de pygmées en pleine brousse suite à une
dépose hélico. Sans moyen de discussion, on en est arrivé à faire de la
lutte, ma première passion sportive. Il y a plein d’épisodes « hors écran »
qui m’ont marqué. On a eu aussi des moments pathétiques d’urgence médicale
ou de côtoiement de la misère (…) Au Mexique, lors du tournage avec le
ballon à hélium, on a tourné à
Palenqué, qui a inspiré Hergé pour Tintin et le temple du soleil. Ca m’a
ramené dans le monde de mon
enfance. La légende disait que des extra terrestres avaient enlevé un indigène.
Je me suis dit que j’étais le premier à décoller de ce site depuis le départ
des extra terrestres. On a eu pas mal de sueurs froides en avion dans les
transitions entre les sites de tournage. Entre les pilotes qui te demandent
d’attacher la ceinture dans des avions qui n’ont pas vu un contrôle de sécurité
depuis leur fabrication et ceux qui communiquent avec la tour en tenant la radio
par le hublot ! Finalement en paramoteur, je n’ai pas pris beaucoup de
risques, mais dans les avions, oui ! »
D.E : « C’était en Namibie en 91.
Ca on peut dire que beaucoup s’en souviennent. C’est tout à l’honneur de
Nicolas d’ailleurs de ne pas cacher les « loupés ».
Techniquement, c’est même un très bon choix. Une panne moteur l’a
contraint à se poser en catastrophe. Vent arrière, le choix de l’épineux
s’est finalement révélé être un bon amortisseur. Ce qui m’étonne,
c’est que douze ans après, j’ai au moins un client par semaine qui me le
rappelle. Aux Maldives, lors des premiers vols de Nicolas en paramoteur, je
l’ai fait décoller et poser sur une plage de 20 sur 30 mètres. Pas triste
non plus…»
D.E : « Le cahier des charges
d’Ushuaia imposait le plus de silence possible avec la meilleure poussée évidemment.
Le moteur König tricylindres alliait fiabilité, relatif silence et
performances. Il transmet peu de vibrations à la cage et améliore donc considérablement
la qualité d’image par rapport aux autres moteurs. Les cages étaient soudées
sous argon pour une plus grande résistance. Il faut souligner qu’en plus du
moteur et du plein d’essence, on emporte à bord le matériel vidéo et de
prise de son. S’y rajoutent les intercoms pour liaison entre deux paramoteurs.
La gestion du bruit d’ailleurs a été un facteur déterminant dans le choix
du moteur. Preuve de fiabilité, les moteurs n’ont jamais été changés tout
au long des émissions d’Ushuaia. Enfin presque ! Mais le König a tenu
ses promesses. J’ai développé 3 versions différentes du
paramoteur Saturne avec le König. Pour ne pas avoir de problèmes de
performances au Machu Picchu à 2400 mètres, j’ai du me pencher sur une
solution moteur plus performante. Alors ensuite j’en ai profité pour développer
un groupe moto propulseur biplace. Côté caméras, on utilisait des scopes
betacam d’environ 8 kilos. J’embarquai une caméra sur moi posée sur un
bras latéral en plan serré sur moi et une caméra subjective arrière. Les
prises de vues correspondaient alors à ce que voyait le pilote. J’avais un
retour caméra dans les lunettes viseurs. Pas facile d’ailleurs de contrôler
à la fois ce que voyait la caméra et d’assurer le plan de vol. Nicolas
embarquait également une caméra « plan large » pour apparaître à
l’écran. Au total on pouvait décoller avec un paramoteur d’environ 42
kilos.»(poids de corps de Nicolas : 65 kg)
D.E : « Sûrement le ballon à hélium
motorisé. Il permet un déplacement quasi millimétrique et donne une sensation
de liberté intense. Tu décolles au ralenti, le plus lentement possible !
Le vol stationnaire est d’une remarquable fiabilité.
Sa principale difficulté d’utilisation réside en sa variation de
sustentation en fonction des conditions aérologiques. Son principal ennemi :
les thermiques, encore plus qu’en Mongolfière. Pas le droit à l’erreur
dans les heures chaudes ! On l’a utilisé à Istanbul, en Aubrac, au
Mont St Michel, au Mexique motorisé par un paramoteur. Le Ballon contenait 200
m3 d’Hélium.»
D.E : « C’est certainement la
meilleure publicité jamais réalisée pour tous les sports aériens après les
années 90. On devait à l’émission 80 % de la nouvelle clientèle de nos
activités. Ce phénomène a été
spécifique en France. D’emblée la plupart pratiquait le paramoteur sans
passer par l’étape « vol libre ». Dans les autres pays
d’Europe, le creuset de la clientèle pratiquait déjà parapente, delta ou
ULM. »
D.E : « En fait Ushuaïa comporte 3
grands volets d’émission. J’ai commencé avec Nicolas pour USHUAIA, le
magazine de l’extrême sur des plateaux de présentation de court métrage qui
n’avaient souvent rien à voir avec le cadre de l’émission.
Les tournages demandaient
1 mois par émission. La clientèle était alors plutôt « fun and
jeune » ! Puis dans la série Opération OKAVANGO on a tourné des
reportages complets, diffusée en prime-time, première partie de soirée. Tous
les sujets étaient en corrélation avec la région visitée. La réalisation
complète de l’émission pouvait atteindre 6 mois pour 2 ou 3 personnes
minimum… Aujourd’hui dans USHUAÏA Nature, les sports mécaniques ont
moins leur place, du fait de l’attachement à intégrer le reportage
dans l’environnement nature. L’objectif est la défense du
patrimoine, cela avec moins de recours à des moyens sans raison apparente.
Aujourd’hui cette émission est très structurée avec la mise à disposition
d’un vrai scénario à tous les intervenants. On est loin de l’émission
« surprise » de Ushuaïa extrême où les intervenants pouvaient
influencer le scénario. Cette émission nous a emmenés vers des horizons
inconnus tels que ceux de la Namibie, avec la découverte des dunes rouges de Sossusvlei.
A l’époque, le site n’était pas connu. Depuis, ce site est classé
patrimoine mondial de l’Unesco. Pareil pour le Vietnam, où TF1 est
certainement la première télé à avoir tourné après l’ouverture du
communisme.»
D.E : « Oui, on a utilisé les
A5 et A4 de Flight Design, relookées aux couleurs de l’expédition. Les émissions
OKAVANGO abordaient un pays beaucoup plus en profondeur qu’avec USHUAIA ou
finalement le pays visité ne servait que de base à la présentation des courts
métrages proposés. »
D.E : »
D.E: « Il faut rappeler l’exploit
de Pierre Allet. En Mai 1999 sa traversée de la méditerranée en totale
autonomie en 10 h 56 pour 786 km avec un chariot paramoteur de 208 kg au décollage
dont 90 l d’essence, est tout autant un événement que celle de Roland Garros
en avion, un Morane-Saulnier H, en 7 h 53 et en 1913 ! Mais l’événement
le plus marquant est que aujourd’hui le paramoteur a acquis ses lettres de
noblesse sur toute la planète (des dizaines de milliers de pratiquant), et
c’est un certain plaisir de penser que j’ai joué un petit rôle dans la
naissance de cette nouvelle activité.
http://www.air.aventure.free.fr/photo_tab.htm
1) Retrouvé sur internet : http://perso.club-internet.fr/volavu/histoire.html
Bern Gartig, Bernd Gartig, le premier pilote et constructeur de
paramoteur à décollage à pieds. Lui-même a construit des paramoteurs pour
commercialisation.
Page : 6
2) P.P.M pour Parapente Mensuel, mensuel disparu
Page : 6
3 ) Toujours sur le lien http://perso.club-internet.fr/volavu/histoire.html
où l’on voit les débuts d’Yves Mare et de Léon Moureau avec le premier
PROPULSAR en Silver Ghost !
Page : 6
4) On retrouve les dates sur le site : http://www.paraquebec.org/paramoteur_historique_fr.html
Page : 6
5) Record de durée de Richard Trinquier : http://olivier.martel5.free.fr/parapente,
un coup d’œil et aussi http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/do/do_4084_p0.html
Page 6
6 ) Ce record est mentionné à http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/do/do_4084_p0.html
sur le net
[t1] Ce record est mentionné à http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/do/do_4084_p0.html sur le net
[t2] Retrouvé sur internet : http://perso.club-internet.fr/volavu/histoire.html
Bern Gartig, Bernd Gartig, le premier pilote et constructeur de paramoteur à décollage à pieds. Lui-même a construit des paramoteurs pour commercialisation. On découvre aussi sur ce lien, des réalisations aujourd’hui disparues
[t3] P.P.M pour Parapente Mensuel, mensuel depuis disparu avec Denis Gankine à qui l’on doit les premiers stages SIV…
[t4] Toujours sur le lien http://perso.club-internet.fr/volavu/histoire.html où l’on voit les débuts d’Yves Mare et de Léon Moureau avec le premier PROPULSAR en Silver Ghost !
[t5] On retrouve les dates sur le site : http://www.paraquebec.org/paramoteur_historique_fr.html
[t6] Record de durée de Richard Trinquier : http://olivier.martel5.free.fr/parapente, un coup d’œil et aussi http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/do/do_4084_p0.html